Zaghoras, coureur des forêts

1

"Poc!"
La balle s'enfonça mollement dans le crane du furbolg. Ashaz revint vers son maître l'air maussade. Lui aussi se répugnait à tuer des bêtes qui n'étaient pas nées mauvaises.
Ces pauvres furbolgs ne faisait que subir la corruption ambiante. Ce n'était pas les furbolgs qui s'étaient attaqué à la forêt, mais la forêt qui avait perdu de sa bonté envers les créatures qu'elle abritait.
Alors que le sang de la créature abreuvait les racines d’un arbre, une feuille tomba de celui ci et vint couvrir son visage, comme si la forêt elle même culpabilisait de sa propre déchéance. Comme si elle avait honte de ne plus pouvoir empêcher la mort de se répandre.
Et pourtant ! Aussi loin que pouvait remonter les souvenirs du coureur, la nature n’avait jamais provoqué elle même sa destruction, elle n’était elle même que la victime de l’utilisation abusive et déraisonnée de la magie. C’était les elfes autant que les orques qui avaient amener à cet état de fait. Les anciens Elfes avaient cru bon d’insuffler vie et conscience à la nature, mais utiliser la magie, même pour pallier à des maux ne faisait que renforcer l’emprise du mal qui rongeait ce monde.
Zaghoras repensait à son enfance tandis qu’il fouillait rapidement la dépouille et la recouvrait de feuillage pour la cacher aux carnivores. Sa famille avait toujours voulu faire de lui un grand druide. Il avait été élevé par certains des plus grands druide tel son père, Zerenas Ulivear Bearclaw.
Il avait d’ailleurs bien débuté, montrant dès le plus jeune âge une très grande communion avec la forêt, et plus particulièrement avec les bêtes qui la peuplait. Mais à mesure qu’avait passé le temps, Zaghoras ne s’était plus amélioré dans la maîtrise des puissances mystiques, et s’en était en réalité complètement désintéressé. Ces maîtres lui reprochèrent avec virulence son égarement qu’il prenait pour de la fainéantise, et lui de son côté critiquait leur vision du monde. Il avait lu les écrits des anciens, tout les druides qui avaient vécus les plus grands événements de ce monde, et en avait tiré un certain fatalisme quand à son avenir. Arrivé a maturité il osa affirmer ses doutes. Son père fût excessivement déçu et le retira des mains de ses maîtres pensant qu’il ne serait bon qu’a de petites besognes et qu’une telle incompréhension de la destinée elfique ne pouvait engendrer un bon druide. Sur ce point l’histoire lui donnait certainement raison.
Zaghoras ne pût se résigner à une vie de labeur paisible sur les terres elfiques. Il avait lu et écouté les plus érudits des elfes et connaissait le monde a travers leurs paroles : il voulait maintenant le connaître par lui même. Il partit donc, en paix avec ses anciens maîtres qui espéraient le voir raisonné par son voyage, il partit et amena la première créature qu’il avait eu pour ami, et qui ne s’était jamais montrée déloyale, son sanglier baptisé « Ashaz » et apprivoisé dans les tarides lors d’une excursion à Feralas.
Il avait ensuite erré à travers toutes les contrées qui formaient ce monde, au hasard des rencontres et des missions qu’on voulait bien lui confier moyennant quelque dédommagement. Il ne craignait rien de la forêt et même les plus féroces des bêtes ne lui était pas une menace, les dangers venant des êtres « intelligents ». Il aurait pu se laisser vivre en ermite au cœur des forêts, mais il était trop curieux de savoir, et ne gardait de liens avec les peuples qu’a des fins de connaissance.
Cela faisait maintenant quelques décennies qu’il n’était pas revenu en territoire elfe. Son dernier voyage lui avait laissé de bien tristes visions et il ne s’était convaincu d’y retourner que pour savoir. Une fois encore il voulait savoir, ne pas avoir une vision occulté de la réalité, et après avoir pleuré sur la splendeur passée des forêts, il voulait maintenant voir de lui même l’étendue de sa déchéance.
Et les choses ne s’étaient pas arrangées, ce furbolg enragé en était la preuve. Zaghoras détestait ôté la vie, mais n’hésitait jamais a le faire lorsqu’il considérait la chose nécessaire, et ce furbolg méritait la mort et le repos de son âme, puisse-t-il y trouvé plus de paix qu’il n’avait trouvé de rage dans la vie.

Il allait se remettre en route quand un craquement se fit entendre à quelques distances de là. Il se retourna et fut stupéfait : depuis quand un orc pouvait-il se déplacer librement dans cette forêt autrement que mort !
Il en serait en tout cas autrement cette fois ci…

Krakhorn avançait rapidement, il ne se sentait pas à son aise entre ces arbres gigantesques. Cela faisait déjà deux jours qu’il courait depuis sa capitale pour rejoindre l’avant poste construit depuis quelques mois a bois brisé, et qui ne cessait d’être la cible de créatures enragées, de tireurs embusqués voire de la forêt elle même, des arbres ayant comme volontairement laissé tombé des abris construit dans leurs branches.
Cela ne faisait que quelques heures qu’il avait passé l’orée de la forêt, mais déjà son ambiance humide et grouillante de vie le dérangeait, il ne parvenait pas a distinguer les mouvements et les bruits sous cette voûte ombragée, et se sentait profondément vulnérable.
Il restait donc consciencieusement sur la voie qui bien que tracé par les elfes, était aujourd’hui plus fréquemment foulée par les pieds orcs. Il songeait à ce qu’il avait imaginé en s’engageant au service de Thrall : des batailles héroïques et brutales sur de grands espaces ouverts au combat.
Il se retrouvait aujourd’hui a courir sous ces arbres, rejoignant un avant poste sujet a des escarmouches mineurs…Mais son maître l’avait toujours bien conseillé, et il lui avait dit qu’un guerrier devait d’abord affronter de petites batailles avant de pouvoir prendre part à des affrontements majeurs. Une chose était sûre de toute façon : il était maintenant engagé au grade d’éclaireur, et se devait d’accepter les missions qu’on lui confiait.
Il n’était donc pas question de…
Quelque chose avait semblé bouger dans les buissons sur sa droite. Il s’arrêta un instant et prit sa hache dans l’éventualité d’un agresseur. Il avait beau scruter l’obscurité, il ne voyait rien, pourtant ce buisson semblait bien avoir bouger.
Soudain un gros sanglier gris orné de motifs bleus apparut derrière le buisson.
Il commença à ranger son arme, lorsqu’un coup de feu retentit, et son épaulière fût arrachée net. Le coup de feu semblait venir des hauteurs, pourtant les premières branches étaient plusieurs mètres au dessus du sol. Alors qu’il scrutait tout autour de lui il s’aperçut que le sanglier avait rebroussé chemin et était sur le point de l’atteindre.
La charge fut violente et les défenses du sanglier percutèrent les jambes de l’orc.
Il fut violemment projeté au sol alors que le sanglier lui mordait violemment les cuisses.
Fort heureusement sa jambières en maille le protégeait pensa-t-il, mais la balle qu’il reçût ensuite a l’abdomen l’empêcha de se réjouir. Il n’eut que le temps de voir une ombre choir des hauteurs de l’arbre et l’animal la rejoindre, puis il perdit connaissance.

3

Il fallait courir vite… les coups de feu avait certainement alerté le second orc. Zaghoras accélérait tout en espérant avoir ôté la vie à l’orc imprudent… la silhouette d’un loup de monte et de son cavalier l’avait poussé à la prudence et à la fuite, mais il aurait voulu être certain d’avoir achevé sa proie.
Une chose était sûre : les orcs pouvaient maintenant se balader beaucoup trop librement dans les forêts d’ashenvale, et celle ci ne serait bientôt plus si rien n’était fait pour y remédier.
Prenant son souffle il fit une brève incantation et ses muscles épaissirent tout en gagnant en souplesse tandis qu’il mimait la course féline du guépard, accélérant grandement sans s’essouffler. Il avait eu beau être piètre druide, il n’en avait pas moins gardé certaines aptitudes de mimétisme animal, sans jamais atteindre toutefois la métamorphose complète telle qu’en étaient capable les druides accomplis.
Ashaz le suivait sans difficulté, habitué à ce type de déplacement, mais sans entrain. Lui aussi sentait les modifications qu’avait subie la forêt en leur absence, et il ressentait la douleur de celle-ci.
Il coururent ainsi sans faire de pause, en évitant la voie ouverte après ce qu’ils avaient vus, ils se faufilaient sans bruit dans les buissons, observant la nature alentour, et épiant les quelques orcs qu’ils rencontraient a distance. Ces gros lourdauds étaient totalement incapables de les détectés alors qu’ils n’étaient parfois qu’a quelques mètres.
Ils atteignirent Gangrebois, ou le coureur ressentait une douleur plus intense encore : Gangrebois avait autrefois été un lieu regorgeant de vie, et habité de puissances séculaires et s’était progressivement mué en un bois peuplé de bêtes dégénérées et ou toutes les formes de vie y évoluant se voyaient tôt ou tard corrompues a leur tour. fois encore forcés d’éliminés quelques furbolgs devenus fous, puis arrivèrent en vue de Long Guet ou ils arrêtèrent de se camoufler : la ville avait toujours été neutre et un pacte de non agression y régnait. Les quelques rares imprudents qui le transgressaient se voyaient douloureusement rappeler a l’ordre par les redoutables « cogneurs » gobelins.Il se déclara donc pacifique et put entrer dans la ville, suivi de son compagnon.

Bien que la ville fût neutre, cela n’empêchait pas les haines réciproques de s’exprimer, et tous les étrangers se lançaient des regards torves, chacun épiant ses voisins, prêt à toute éventualité. Il déambula pendant quelques temps, examinant les divers étalages de gobelins ou de marchands étrangers, s’étonnant toujours de ce qu’il pouvait y trouver d’incongrus. Ce lieu était en réalité un gigantesque marché clos et protégés par des gardes : les gobelins n’avaient jamais pris part aux divers conflits et avaient toujours privilégier le commerce a toute autre activité, et les quelques lieus ou ils s’étaient établis en ce monde, étaient tous similaires et voués uniquement au profit par le commerce.
C’est d’ailleurs la qualité et l’originalité des denrées que l’on pouvait y trouver qui faisait qu’aucune race jusqu’alors n’avait souhaité voir ces villages disparaître.
Si la haine réciproque qui opposait les deux factions remontait en puissance ces dernières années, ces lieux étaient là pour montrer qu’il y’avait eu une époque d’entente.
Il finit par entrer dans l’auberge du village, laissant Ashaz aux bons soins d’un gnome posté à l’entrée à cette intention. Là l’ambiance était toute autre, et toutes les races se mélangeaient allègrement quand il s’agissait de festoyer et surtout d’épancher des gosiers toujours secs. La musique était donnée par un drôle d’instrument qui faisait défiler des parchemins troués de petits carrés en divers endroit, et dont les sonorités étaient quelques peu métalliques, mais cela ne semblait pas déranger la clientèle plus occupée à profiter des joies de la chair qu’à écouter la musique.
Zaghoras s’approcha du bar qui était séparé en deux parties de hauteurs différentes, pour s’adapter à celles des clients. Le gobelin qui officiait derrière avait lui même une estrade pour pouvoir servir sur la partie la plus haute du bar.
Il s’adressa à lui avec une voie aigre pour lui demander ce qu’il désirait. Zaghoras alla donc s’asseoir après avoir commandé une bière de thunderbrew, importée d’Azeroth.
Il prit ensuite un repas bien peu raffiné pour ne pas dire franchement rustre et alla dans une des nombreuses chambres, au confort là aussi assez spartiate.
Les murs étaient en bois et en torchis, et la couche n’était rien de plus qu’une planche de bois couverte d’un peu de paille et d’une grande couverture rêche. La pièce était éclairée par la lueur d’une bougie grossière posée sur un tabouret faisant office de table de chevet, il n’y avait pas d’autre mobilier. Il s’installa donc aussi confortablement qu’il le put et se prépara a dormir, mais le bruit de la taverne au rez de chaussée le dérangeait et si il n’avait pas fait si froid au dehors, il se serait résolu a dormir dehors avec son sanglier . Enfin cela valait toujours mieux que les étables à peines aménagées que l’on réservait aux taurens…[/u]

4

Le coureur se réveilla tôt, la douce lumière hivernale filtrant au travers des rideaux troués de la fenêtre. Il n’eut qu’à se lever, étant resté vêtu pour dormir et descendit dans la taverne. Nombre de soiffards s’étaient endormis sur les tables et ronflaient bruyamment, la tête posée sur les restes de nourriture et d’alcool divers. Alors qu’il commandait de quoi déjeuner à la seule personne consciente a savoir le tavernier, une voix aigue et désagréable, comme venue du plafond le fit sursauter. Il leva les yeux et vit un jeune gnome qui était assis dans l’armature d’un des lustres. La chose ne devait pas être rare puisque le tavernier ne fit aucune remarque.
« *niihhii* Willi l’avoir mal à la tête ! Toi le grand elfe tu m’aide t’i a descend’ de la ?
J’a du bien faire la fête moui *hihihi* je m’y souviens pô de tout ce qui m’a arrivé, très bonne bière en tout cas j’a reviendra ! dit il avec un sourire encore nettement alcoolisé.
-Certainement mon cher, mais faites attention la prochaine fois, nous avons beau être dans une ville neutre, les rixes de bar n’ont que faire des traités de paix, et j’ai peur qu’un petit être tel que vous soi bien frêle face à ces bovidés de la horde !
-T’y inquiètes pas pour moi l’elfe, ji suis venu avec mes amis qu’ils ont pas peur des tout moches, disait il avec un grand sourire vague, basculant lentement par dessus le cadre du lustre.
-Et pourrais je savoir ce qui vous a mené dans ce lustre à propos ? demanda Zaghoras, attrapant le gnome avant qu’il ne tombe sur le parquet de la salle.
-Bin j’ata avec l’Arthu et le Diwi et pi l’ont voulu dérouiller un orc qu’il faisait trop le malin, alors je mi souviens plus bien mais quelqu’un qui m’a monté la ou je risquais rien, ji pris ma chope avant de monter et pi j’ava plus qu’a y regarder la bastonnade, pouffait il alors qu’il tombait sur son séant, ces jambes ne le soutenant davantage.
-Et les cogneurs ne sont pas intervenus ? S’étonna le coureur.
-Hum t’y viens pas souvent misieur, les cogneurs l’y rentrent pas dans l’auberge, c’est pas pour eux ct’endroit.
-Mais a propos quels noms m’as tu dit ? Serait-ce Arthurius et Diwthor dont tu me parles ?
-Bin autant que je me souvienne c’est comme ça qu’ils s’appellent, pourquoi t’y les connaît donc ?
Le sourire vint aux lèvres de l’elfe, ces amis seraient donc dans la ville ? Cela faisait longtemps qu’il ne les avait rencontrés, et ce serait un plaisir de passer quelques heures avec eux.
-Assurément je les connais, pourrait tu me mener à eux je te pries ?
-Va falloir me piyer le coup alors, que j’y retrouves dans quel coin qu’ils resident.
-Voudrais tu que je te rafraîchisse la mémoire en te faisant prendre un bain dans l’abreuvoir ? Il paraît que l’eau fraîche fait disparaître le mal de crâne, qu’en dis tu ?
-Pouark, toujours aussi radin les elfes, suis moui l’étranger, j’y vas te les montrer, grogna t-il tout en titubant vers l’escalier. »

5

Le gnome, après moult efforts ne réussit pas à gravir les quelques marches menant à l’étage et Zaghoras finit par le porter dans ses bras tel un enfant. Le gnome fut amusé et sa mauvaise volonté disparut, il mena l’elfe a une des portes et lui dit :
« Toi t’y restes la que j’y demandes si t’est vraiment un de leurs zamis, et essaye pas de me rouler, lança t’il l’air menaçant ce qui fit sourire le coureur bien qu’il n’en montra rien.
-Entendu, répondit il avec sérieux. »
Le petit être entra ensuite dans la pièce, ou l’on entendit des plaintes suivies de petit éclats de voix gais et la porte s’ouvrit d’un mouvement vif, laissant les yeux de Zaghoras se poser sur la silhouette étonnement musclée d’un gnome plus grand que la normale.
Il s’agissait bien d’Arthurius fizzlevis, un très bon ami de Zaghoras qu’il avait rencontré longtemps auparavant. Le gnome était vêtu d’une longue chemise en étoffe luxueuse ornés de motifs brodés, et portait un caleçon en soie colorée : l’ensemble lui donnait une allure à la fois riche et ridicule.
«-Rentre donc vieux branchu, tu es chez nous chez toi tu le sais ! s’exclama Arthurius tout en serrant la main de l’elfe avec une poigne de fer.
-J’arrive ! »Zaghoras reconnu la voix à la fois maladive et puissante de Diwthor le compagnon de toujours d’Arthurius. Si Zaghoras avait vécu de nombreuses péripéties avec ces deux amis depuis qu’ils se connaissaient, Arthurius et Diwthor ne s’étaient pour ainsi dire jamais séparés. Leur chambre commune en était encore une preuve.
Cette chambre était d’ailleurs beaucoup mieux aménagée que la sienne et Zaghoras se demanda ce qui valait de tels honneurs à un nain et un gnome en balade.
Il referma la porte et se tourna vers les lits : Diwthor lui adressa un grand sourire rempli d’amitié malgré son teint blafard et son air constamment malade.
Ses compagnons n’avaient que peu changés physiquement, mais après un examen rapide de leurs équipements, il vit que les deux petites personnes avaient manifestement trouvés des activités plus rentable que le service aux armées de l’enfant roi.
Les deux compagnons semblaient comme la nuit et le jour, se complétant parfaitement.
Arthurius était d’une constitution excessivement robuste, renforcé par des années d’expérience du combat, tandis que Diwthor était frêle pour un nain, habituellement trapus et semblait toujours aussi atteint par le mal qui le rongeait depuis la petite enfance. Le premier était dynamique, impulsif et capable de déchaîner une violence inouïe, tandis que le second était d’un calme froid non moins déterminé mais plus réfléchi et faisait plus souvent usage de sa capacité à guérir que de sa maîtrise pourtant bien réelle des esprits humanoïdes.
Zaghoras avait eu de nombreuses occasions de vérifier a quel point les deux pouvaient se compléter efficacement, Diwthor tempérant les excès d’Arthurius, Arthurius obligeant Diwthor a prendre des décisions.
Ils commencèrent à parler de ce qu’ils avaient fait depuis leur dernière rencontre, tandis qu’ils revêtaient leurs équipements. C’est à ce moment que Zaghoras pût se rendre compte de la qualité des objets qu’ils possédaient. Il observait une gigantesque lame courbe entourée d’une légère aura et à la garde finement ciselée, alors même que la lame semblait brute. En s’approchant il eut le sentiment qu’elle était en réalité taillée dans un minerai, mais l’elfe n’avait jamais rien vu de tel.
« Joli cure-dents n’est ce pas ? » lança Arthurius avec une pointe de fierté dans la voix.
Il prit la lame qui était presque aussi longue qu’il était haut, et fit quelques moulinets rapides. Lisant l’étonnement sur le visage du chasseur il lui tendit le manche de l’arme.
Zaghoras la prit lentement, comme avec précaution tel un objet fragile, mais dés qu’il eut prit l’arme a pleines mains, il se sentit soudain parcouru d’une force nouvelle et l’arme qui lui avait semblés très lourde au premier abord semblait maintenant aussi maniable qu’un couteau de cuisine.
Il fit quelques pas d’escrime, et fendit l’air de cette gigantesque lame avec la même adresse que s’il l’eut fait avec son fleuret.
Il se retourna vers le gnome et lui rendit son arme non sans une certaine cérémonie dans le geste.
« Allons Zagh ne soit pas impressionné, nous avons a parler, tu vas comprendre »
-Oui tu vas comprendre, renchérit Diwthor
-Il faut en effet m’expliqué certaines choses mes amis » répondit Zaghoras essayant de masquer son étonnement. Les deux vétérans étaient maintenant vêtus et le coureur comprit pourquoi ils avaient obtenus une meilleure chambre que lui. Il aurait tout juste pu prétendre être leur écuyer, tant leurs habits respiraient le pouvoir et la puissance.
« Allons nous sustenter maintenant, dis Arthurius. Et laissons la le brave Willi qu’il cuve sa bière avant que nous reprenions la route »
Le gnome s’était en effet allongé sur un des lits et ronflait maintenant bruyemment.
Ils sortirent et redescendirent dans la taverne. Quelques saoulards s’étaient réveillés, et après que quelques hordeux eurent préféré quitter l’endroit a la vue des trois compagnons, ils purent s’asseoir et commander un déjeuner copieux.

6

« Alors mes amis, maintenant je pense que vous me devez quelques explications concernant ce superbe équipement, cela ne s’obtient pas en tuant les viles gens de la horde en Alterac ! Ou alors il eut fallu que vous en tuiez des milliers ? Et quand bien même…
-Nous allons te mettre au courant Zaghoras et nous ne te pousserons nullement et te laisserons décider en ton âme et conscience si tu souhaites nous apporter ton soutien dans ce qui est devenu notre activité principale depuis maintenant plusieurs mois. »
Ces dernières paroles de Diwthor avaient achevé d’exciter la curiosité de Zaghoras.
S’ensuivit de longues heures de ripaille et de récits épiques parlant de créature d’une puissance incommensurable de combats héroïques tels que les archives Elfes et les grimoires de Diwthor en contenaient peu.
Zaghoras apprit ainsi qu’après avoir prouvé leur valeur en tant que combattants hors pair et compagnons d’armes de la plus grande loyauté, une organisation semi-officielle les avaient contactés, les invitant a la rejoindre pour lutter contre les maux ultimes de ce monde, les sources et relais de tout ce qui était mauvais, des restes du Fléau et de sa puissance, de forces presque aussi anciennes et influentes qu’avaient pu l’être les titans.
Le coureur avait eu écho de certaines horreurs que ses amis lui décrivaient, tandis que d’autres lui étaient totalement inconnues.
« Alors penses tu que tu auras la volonté de nous rejoindre ? Nous savons que tu n’hésites jamais lorsqu’il s’agit d’effacer ne serait-ce qu’une once du mal qui ronge ce monde, mais il s’agit ici de combats qui pourront en faire trembler les fondations même et peut être provoqué des changement irréversibles, dit Arthurius avec un ton inhabituellement grave et une conviction totale en ses paroles.
-L’intégration à notre groupe nécessite non seulement une dévotion de tous les instants au but poursuivi par le groupe entier, mais également de ne pas craindre de mourir au service de notre cause. Nous considérons notre vie comme quelque chose d’éphémère et de bien peu d’importance ! Nous ne cherchons pas le respect ou la gloire, bien peu d’entre nous deviendrons des héros et il n’est pas impossible que nos actions engendrent même certaines tragédies, mais nous considérons certains sacrifices comme nécessaires, dans l’espoir d’améliorer l’avenir de ce monde et de ses habitants. »
Zaghoras était un peu déboussolé, tombant brusquement de sa lutte quotidienne personnelle contre le Fléau, dans la vision d’une lutte organisée et titanesque contre des puissances légendaires.
Ils continuèrent à parler quelques temps et Zaghoras fini par dire avec gravité et ferveur :
« Ainsi donc il sera ! Je me soumettrais au jugement de vos pairs, je préfère mourir en apportant une pierre à cet édifice qui me semble légitime, plutôt que d’attendre que l’âge me prenne. Je n’ai pas la prétention de posséder un pouvoir pouvant vous être utile, mais si vous voyez en moi une aide quelconque, je suis prêt à vous la donner !
-Très bien je transmettrais tes paroles à mes supérieurs dans l’ordre et te dirait rapidement si nous souhaitons te voir rejoindre nos rangs. Si tel est le cas je te transmettrais les informations qui te permettront de trouver une ombre pourpre et de fabriquer un « Cœur de Lion » a propos duquel nous t’avons entretenu.
Pour ma part et celle d’Arthurius tu connais déjà notre opinion, mais nous ne sommes pas maîtres a bords.
En attendant et quoi qu’il en soit, je vais te donner l’adresse d’artisans d’une rare compétence qui te confectionneront un équipement adapté a ton style de combat. Je te recommanderais auprès d’eux. »